SISAL, Les Wonder Women de Kithoni...
Cette rencontre à l'ombre des arbres m'a particulièrement marquée. Avec les femmes du village de Kithoni situé à 55 kilomètres et environ 45 minutes de voiture de la ville de Machakos, j'ai passé un doux moment et appris énormément sur cette belle matière qu'est le sisal mais surtout sur la force de la solidarité. En Afrique et dans de nombreux pays, beaucoup de métiers artisanaux étant réalisés par des hommes, c'est toujours un bonheur et un privilège pour moi de pouvoir échanger avec des artisanes.

En avril 2017, pour mon plus gros break professionnel de l'année, j'ai décidé de me rendre 15 jours au Kenya afin de rendre visite à des producteurs avec lesquels je travaille ici en France dans le cadre de mon poste d'acheteuse artisanat.
J'encourage les jeunes femmes à s'initier à l'art du tissage pour gagner leur vie par elles-mêmes et ainsi être moins dépendantes de leurs époux mais aussi pour qu'il ne se perde pas au fil du temps. Peninah Mueni Makenzi, Présidente de la coopérative.
Cette activité lui a permis de réaliser plusieurs projets dans sa vie et d'être aujourd'hui considérée comme un leader au sein de sa communauté.
COMMENT LE GROUPE FONCTIONNE-T-IL ?
À cinq heures de route de la capitale Nairobi, le village de Kithoni. Des femmes ont décidé de se réunir sous le nom de Kithoni Women Self Group, organisation officielle enregistrée au ministère kenyan de la jeunesse et des femmes. Elles sont à l'origine agricultrices à petite échelle pour les besoins de leurs familles et ont été initiées à la transformation du sisal par leurs mères et grand-mères.
Aujourd'hui, le groupe compte 35 femmes pour la plupart mariées, avec une moyenne d'âge de 45 ans. Les membres élisent démocratiquement un comité chargé d'organiser les activités de prospection du marché et de production. Une faible cotisation est demandée à chaque nouvelle femme qui rejoint le groupe. C'est un engagement volontaire à temps partiel sous forme de rencontres une fois par semaine ou plus si nécessaire.
Les recettes générées par les ventes sont partagées entre les femmes en fonction du nombre de pièces que chacune a produit. Ainsi, j'ai pu constater lors d'un développement produit réalisé plus tard à mon retour à Paris que certains paniers arrivaient avec un bout de carton cousu à l'intérieur sur lequel était écrit un prénom. Cette méthode est utilisée par les femmes pour comptabilisation du nombre de paniers produits lors de la livraison. Après comptage, la personne en charge de l'expédition de la marchandise est aussi responsable du retrait de ces étiquettes cartonnées mais il y'a parfois des oublis. Pour ma commande d'artisanat, j'ai demandé à ce qu'elles soient laissées car je trouvais cela plus authentique malgré l'irrégularité dans le découpage et l'absence d'esthétique de ces bouts de cartons.
Les recettes de la vente de paniers sont très importantes pour les femmes. Elles servent à améliorer leur quotidien et celui de leurs familles en augmentant par exemple leur budget pour les courses (surtout en période de sécheresse) ou pour payer des frais de scolarité. En plus de cela, un fonds mis de côté à chaque commande peut être utilisé pour financer des événements de la vie tels que les cérémonies de mariage/d'enterrement, les frais médicaux en cas de maladie ou l'achat de bétail.
LES RENCONTRES HEBDOMADAIRES
Ce que j'ai trouvé génial et très différent de mes autres rencontres d'artisans, c'est que ces femmes ne disposent pas d'un atelier de fabrication. C'est principalement sous les arbres de leur village qu'elles se réunissent pour discuter, teindre le sisal dans les coloris souhaités et tisser sacs et paniers. Si nécessaire, elles rapportent des pièces en cours de réalisation chez elles pour les continuer après avoir terminé leurs tâches ménagères (aller chercher de l'eau ou du bois, cuisiner, s'occuper du bétail, des enfants, etc.).
Autre spécificité du Kithoni Women Self Group, pas de stock. Les femmes ne produisent que sur commande ce qui fait que je n'ai pu voir que ce que les pièces en cours, visibles sur les photos de cet article.

AU FAIT, QU'EST-CE QUE LE SISAL ?
Le sisal tel que vous le voyez sur la photo ci-dessus est une fibre végétale provenant d'une espèce de cactus dont vous avez certainement déjà entendu le nom notamment en magasin bio : l'agave. J'